José HOAREAU

Directeur de Développement

Expert du monde associatif, entrepreneur et acteur du monde mutualiste

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Tout d’abord regardés comme d’étranges initiatives locales anecdotiques puis comme la panacée permettant de résoudre tous les problèmes sur tous les territoires en souffrance les tiers lieux ont-ils un véritable avenir?

Les tiers-lieux, l’initiative collective au cœur des territoires

Inventifs, participatifs, fortement engagés dans l’ESS et les questions environnementales les Tiers-lieux sont notre coup de cœur de ce mois.

Tout d’abord regardés comme d’étranges initiatives locales, anecdotiques, puis considérés comme la panacée permettant de solutionner tous les problèmes sur les territoires en souffrance, depuis les centres villes désertés aux zones rurales privées de services publics les tiers lieux ont été malmenés en 2020. Ont-ils un véritable avenir ?.

Qu’est-ce qu’un tiers-lieu ?

Difficile de répondre à cette question ! Il existe quasiment autant de modèles de tiers-lieux que de tiers-lieux eux-mêmes !

 

Des lieux d’innovations sociales et économiques

A l’origine simples espaces permettant de travailler, des cafés idéalement situés sur la route entre le bureau et la maison, les tiers lieux ont rapidement pris des dimensions nouvelles. On apprécie tout particulièrement chez AZ Projet que les tiers lieux soient devenus une référence en termes d’innovations sociales et économiques.

Ils ont chacun du caractère et c’est ce que l’on aime !

Multiples, divers, mais toujours collectifs et solidaires, ils sont LE lieu où vont se rencontrer des personnes d’horizons très divers, entrepreneurs, indépendants, habitants ou encore élus, responsables associatifs. Ils sont aussi l’espace d’activités croisées : autour des questions environnementales, des soins, de la santé, du bien-être mais aussi du numérique… et bien d’autres choses encore !
Presque naturellement, de par leur origine et en réponse aux besoins actuels, ils proposent tous une fonction d’hébergement d’activités (associatives ou entrepreneuriales) et de coworking.

 

Bien qu’appuyés sur des statuts variés (associations, SAS, SARL SCIC…) ils se caractérisent pour la plupart d’entre eux par leur fort ancrage au sein de l’ESS tant par leur gouvernance que par le choix des valeurs de référence et les activités portées. Forts de leurs dimensions collectives et solidaires, ils se positionnent clairement comme une alternative au modèle économique dominant considéré comme nocif pour l’individu et la planète.

 

Ils peuvent être aussi perçus comme des réponses aux difficultés liées à l’emploi et devenir une solution, souvent limitée dans les faits. On comprend mieux alors, après une période d’observation réciproque, l’engouement et le soutien apportés par les collectivités locales à l’émergence de tels espaces.

Des atouts pour les territoires

Le grand succès des tiers-lieux est notamment dû à leur capacité, réelle ou supposée, à répondre à des problématiques très locales : besoin d’une épicerie pour le village ou le quartier, d’un espace où se rencontrer le soir pour échanger sur des questions de citoyenneté, d’un espace de formation au digital, d’un point d’accès guidé à une plateforme de santé en ligne ? Pourquoi ne pas imaginer ensemble un tiers-lieu pour faire tout cela ?!

 

La démarche tiers-lieu est aussi une réponse à l’inoccupation de locaux ou friches. Ils constituent là une opportunité de valorisation pour des propriétaires désireux de voir leurs espaces utilisés, même provisoirement, plutôt que laissés à l’abandon.

 

La liste est longue des attentes et des espoirs que fondent les acteurs locaux sur les tiers lieux…certainement trop longue au vu des réalités qui balisent la création, le fonctionnement et le développement de ces espaces.

Des modèles économiques fragiles... et fragilisés par la pandémie

Aujourd’hui soutenus, reconnus et accompagnés par les collectivités locales, les CRESS, l’état ainsi que par d’autres acteurs nationaux soutenant les initiatives sociales et économiques, tels que la banque des territoires, les Tiers Lieux sont confrontés à LA difficulté : poser un modèle économique pérenne.

 

La plupart des aides, significatives d’ailleurs, et accompagnements sont en effet des aides à la création, à l’impulsion. Une fois dépassée cette phase il faut aux tiers-lieux des ressources propres permettant d’assumer de manière autonome et indépendante (ce sont là des valeurs importantes dans l’univers des tiers-lieux) son fonctionnement dans le long terme.

 

Les tiers lieux sont notamment confrontés aujourd’hui aux menaces qui pèsent sur le coworking et l’hébergement d’activités économiques, ces activités étant particulièrement impactée par les épisodes COVID.

Espaces de rencontres, d’échanges et de co-productions par définition ils ont été fortement touchés par les restrictions de contacts imposées pendant la pandémie.
C’est tout particulièrement le cas des Tiers Lieux proposant une mono activité basée sur l’accueil de publics tels que les cafés associatifs ou les ressourceries. Enfin lieux de développement d’entreprises nouvelles ils ressentent les difficultés que rencontrent les porteurs de projets et les néo créateurs dans un contexte économique chamboulé.

 

Les tiers lieux bien qu’ayant gravement soufferts dans cette période ont su rebondir, réagir. Plus que cela ils ont été « en première ligne » et se sont mobilisés dans un élan de solidarité en fabricant par exemple du matériel médical (voir ICI : https://francetierslieux.fr/resultat-de-lenquete-les-tiers-lieux-face-a-la-crise/).

 

Une résilience qui, associée à la reconnaissance de leur rôle et à la profondeur des phénomènes liées au développement des valeurs de l’ESS, laisse un bel avenir à ces initiatives collectives de territoire.

 

Le phénomène des tiers lieux en France :
1800 tiers-lieux en France dont 800 hors métropole.
Trois sites pour en savoir plus :

Une résilience éprouvée